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samedi 10 novembre 2018 à 20h30

Ciné-débat : Le Temps des forêts


Bonjour à vous, spectateurs de Ciné mon Mardi, fidèles ou occasionnels, cinéphiles chevronnés ou amateurs avertis d'un cinéma de qualité,

Alerte !
Nos forêts telles que nous les aimons sont en voie de disparition. En France, ce n'est pas la déforestation qui les menace mais, comme il est dit dans Le Temps des forêts la "malforestation". Avec ce premier long-métrage, François-Xavier Drouet nous invite à prendre conscience que la rentabilité est devenue le moteur qui anime aujourd'hui la gestion de la filière bois, au détriment de tout souci de la biodiversité, de la santé des sols ou du rôle régulateur sur le climat.
La menace est réelle et les professionnels en sont conscients : partis le 17 septembre de plusieurs régions de France, les agents de l'ONF ont encore manifesté ce 25 octobre dans l'Allier. (lisez à la fin de cette lettre les papiers de France Info)
Où rn est la sylviculture en France, où en est-elle dans les Hautes-Alpes, Hervé Gasdon, président de la SAPN (Société alpine de protection de la nature), nous aidera, lors de votre prochain ciné-débat, à mieux comprendre la situation.

Le Temps des forêts
Ciné-débat en présence de Hervé Gasdon

samedi 10 novembre à 20h30


Le temps des forêts

de François-Xavier Drouet

Prix de la Semaine de la Critique

Le propos

Symbole aux yeux des urbains d'une nature authentique, la forêt française vit une phase d'industrialisation sans précédent. Mécanisation lourde, monocultures, engrais et pesticides, la gestion forestière suit à vitesse accélérée le modèle agricole intensif. Du Limousin aux Landes, du Morvan aux Vosges, Le Temps des forêts propose un voyage au cœur de la sylviculture industrielle et de ses alternatives. Forêt vivante ou désert boisé, les choix d'aujourd'hui dessineront le paysage de demain.

Enquête patiente et tenace, le film s'ouvre avec l'image d'une forêt sur le plateau de Millevaches. L'instant d'après, apparaît une carte postale ancienne du même paysage, mais dénudé. Il n'y a pas si longtemps, les arbres n'existaient pas. Ils ont été plantés pour des raisons industrielles, explique en voix off une ancienne bergère, qui, telle une conteuse, ajoute : "Les sapins m'ont fait partir.".
La forêt est une industrie dont le maître-mot est désormais compétitivité. On ne laisse plus le temps aux arbres de grandir. On plante ceux qui poussent le plus rapidement en vue de les couper le plus vite possible. Victoire de la monoculture d'un sapin, le Douglas, au détriment de la diversité des feuillus et de la pérennité des sols. Certaines forêts françaises sont devenues des usines à bois, désertées par les animaux, traitées aux engrais et aux pesticides, lourdement mécanisées.

Sans provocation, sans grandiloquence, François-Xavier Drouet filme à hauteur d'homme et recueille la parole de ceux qui exploitent, gèrent ou préservent la forêt aujourd'hui. Le film dégage du coup une grande justesse. L'image des abatteuses monstrueuses qui ébranchent les troncs avec une gloutonnerie et une célérité effrayante impressionne. Mais les nouveaux bûcherons se sentent esclaves de leurs machines, obligés de travailler à une cadence infernale pour rentabiliser ces ruineux engins qui défoncent les chemins, ensevelissent les cours d'eau ou encore entassent comme des déchets les arbres non calibrés, ces feuillus qui ont osé revenir spontanément dans la plantation, ruinant le bel ordonnancement !

Mais la forêt durable est compatible avec les enjeux économiques, semble-t-il. Tandis que des agents forestiers s'arc-boutent contre la vente de forêts domaniales, des propriétaires s'essaient aux gestions alternatives. Au cri de "Vive le Morvan et ses forêts diversifiées et étagées !", des citoyens rachètent même des parcelles dans le cadre de groupements forestiers afin d'éviter les coupes à blanc et pour laisser revenir les feuillus.