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mardi 20 novembre 2018 à 18h30

Ciné-débat : Le Temps des forêts

Projection du Film "Le temps des Forets" suivi d'échanges avec Raymond JACQ, forestier.

Symbole aux yeux des urbains d'une nature authentique, la forêt française vit une phase d'industrialisation sans précédent. Mécanisation lourde, monocultures, engrais et pesticides, la gestion forestière suit à vitesse accélérée le modèle agricole intensif. Du Limousin aux Landes, du Morvan aux Vosges, Le Temps des forêts propose un voyage au cœur de la sylviculture industrielle et de ses alternatives. Forêt vivante ou désert boisé, les choix d'aujourd'hui dessineront le paysage de demain.

Enquête patiente et tenace, le film s'ouvre avec l'image d'une forêt sur le plateau de Millevaches. L'instant d'après, apparaît une carte postale ancienne du même paysage, mais dénudé. Il n'y a pas si longtemps, les arbres n'existaient pas. Ils ont été plantés pour des raisons industrielles, explique en voix off une ancienne bergère, qui, telle une conteuse, ajoute : "Les sapins m'ont fait partir.".
La forêt est une industrie dont le maître-mot est désormais compétitivité. On ne laisse plus le temps aux arbres de grandir. On plante ceux qui poussent le plus rapidement en vue de les couper le plus vite possible. Victoire de la monoculture d'un sapin, le Douglas, au détriment de la diversité des feuillus et de la pérennité des sols. Certaines forêts françaises sont devenues des usines à bois, désertées par les animaux, traitées aux engrais et aux pesticides, lourdement mécanisées.

Sans provocation, sans grandiloquence, François-Xavier Drouet filme à hauteur d'homme et recueille la parole de ceux qui exploitent, gèrent ou préservent la forêt aujourd'hui. Le film dégage du coup une grande justesse. L'image des abatteuses monstrueuses qui ébranchent les troncs avec une gloutonnerie et une célérité effrayante impressionne. Mais les nouveaux bûcherons se sentent esclaves de leurs machines, obligés de travailler à une cadence infernale pour rentabiliser ces ruineux engins qui défoncent les chemins, ensevelissent les cours d'eau ou encore entassent comme des déchets les arbres non calibrés, ces feuillus qui ont osé revenir spontanément dans la plantation, ruinant le bel ordonnancement !

Mais la forêt durable est compatible avec les enjeux économiques, semble-t-il. Tandis que des agents forestiers s'arc-boutent contre la vente de forêts domaniales, des propriétaires s'essaient aux gestions alternatives. Au cri de "Vive le Morvan et ses forêts diversifiées et étagées !", des citoyens rachètent même des parcelles dans le cadre de groupements forestiers afin d'éviter les coupes à blanc et pour laisser revenir les feuillus.